Fine équipe au complet, nous voilà profitant d’une éclaircie pour aller repérer la petite boucle en création autour du Moulin Richard de Bas, comme variante du Sentier des papetiers. En arrivant au Moulin nous croisons Sylvain, petit fils du fondateur, il est l’un des deux copropriétaires du Moulin. Il vient de recevoir son exemplaire du magazine fraichement sorti de presse de la marque Livradois-Forez. Il a peu de temps mais prend celui de nous guider sur les premiers pas de la boucle qui traversera bientôt les jardins situés derrière les bâtiments. Le Moulin Richard de Bas ici c’est une institution ! 25 000 visiteurs par an, le site le plus fréquenté de la région qui a vu des générations de scolaires et de circuits touristiques clefs en main se déverser en ces lieux. À travers ses visites guidées, le Moulin raconte inlassablement et avec de nombreux détails croustillants la vie d’antan et l’évolution de ses techniques… Ambitieux lieu pédagogique il doit aujourd’hui se renouveler et s’adapter aux nouvelles envies et aux nouveaux usages pour conserver son statut de haut lieu touristique et rentabiliser son organisation privée qui emploie 8 salariés à l’année. Le Moulin, c’est la locomotive touristique du coin !
Nous nous engageons donc sur la futur tracé de la petite boucle, traversons la cour du Moulin, empruntons les escaliers et rencontrons Michel le papetier qui se fait aujourd’hui jardinier et semeur des fleurs (bleuets, capucines…) qui viendront décorer cet été la pâte à papier pour proposer les célèbres feuilles fleuries du Moulin. Les petits jardins en terrasse installés dans la pente sont magnifiques. La terre est nue, mais autour les arbres et buissons fleurissent. Un rayon de soleil vient immortaliser ces quelques mots échangés avec Michel qui nous assure que le jour de l’inauguration de cette petite boucle le jardin sera propre et magnifique !

Nous poursuivons notre ascension des petits escaliers empierrés (qu’il faudra peut-être consolider) pour arriver sur le premier chemin enherbé qui nous éloigne du Moulin en direction du ruisseau et du bief situé en contre-bas. C’est l’occasion d’une pause informative où Roxane, qui a déjà épluché les archives et discuté de longues heures avec Sylvain et Emmanuel mais aussi Christel nous explique le fonctionnement des moulins et la gestion incroyable de l’eau dans la région avec tout le réseau des biefs qui assurent la régularité du flux servant à faire fonctionner les roues des moulins. Plusieurs roues cohabitaient sur le site d’un moulin dans les années de pleine activité, chaque roue étant dévolue à une production. Au Moulin Richard de Bas il s’agissait de farine, d’huile et de papier.
Nous arrivons à Longechaud et ses charmantes petits bras de ruisseaux. Nous rencontrons par hasard le propriétaire d’un autre moulin en pleine manœuvre de brouette après un temps de désherbage intensif. Nous connaissons sa femme, rencontrée lors de notre repérage du Sentier au cours duquel nous avions visité de long en large son moulin à papier. Ce dernier a été mécanisé après la Seconde Guerre Mondiale,permettant la fabrication entre autres de papier pour fond de cagettes de légumes. Ses parents l’actionnaient encore il y a quelques dizaines d’années. Aujourd’hui, il est toujours en état de marche et propose ponctuellement des petites démonstrations. Mais il ne pourrait pas vraiment être remis en route, car les normes ont changé et il n’est plus possible de rejeter directement l’eau dans le ruisseau ! Nous apprenons que l’assainissement des maisons du hameau est en cours, processus très long à mettre en œuvre dans ces vieux bourgs. En effet, à l’époque industrielle les ruisseaux servaient de forces vives mais aussi d’égouts… Pour autant, le propriétaire nous dit que lui a connu à cette époque la présence de truites partout dans les ruisseaux, alors qu’aujourd’hui, plus aucune ne frétille aux alentours. De fait, pour lui les sources de pollution les plus grandes sont plutôt d’origine individuelle avec tous les nouveaux produits domestiques.
En reprenant notre chemin, nous voyons des tapis d’ail des ours au bord des ruisseaux qui nous donnent envie de nous arrêter pour en cueillir afin de préparer un bon pesto… Nous rejoignons le Sentier des papetiers et son marquage jaune qui nous fait grimper entre de vieux arbres, en lisière de bois, avec des vues magnifiques sur ce petit vallon au cœur duquel est majestueusement installé le Moulin Richard de Bas. Roxane se dit surprise de l’accessibilité du chemin, pas toujours très aisée, assez étroite par endroit du chemin pour des scolaires. Ici c’est Nature !
Nous finissons notre tour en arrivant dans le parc du Moulin qui fait aussi office de parking pour le musée. Nous y observons la cohabitation de « choses » disparates : musée des pierres volcaniques d’Auvergne, machines du XIXe, arborétum, spécificités chinoises… Autant de traces du temps de Marius Péraudeau – grand homme de la patrimonialisation et de la muséification – qui demandent aujourd’hui un petit coup de rafraichissement.
Nous passons du temps sous la pagode chinoise, que nous décrétons lieu idéal pour les départs et les arrivées de balade. Comment y créer des usages ? Comment les prendre en compte ? Comment créer des espaces de coopération avec d’autre acteurs du coin (autres propriétaires de moulin ? avec le Bief ?) ? Autant de questions que nous avons hâte d’explorer !





