Marche #2_ le récit

La marche du jour se penche spécifiquement sur l’épopée des Mélèzes. Successivement lieu d’accueil des blessés de la Première Guerre mondiale, préventorium pour femmes tuberculeuses, école de plein air et aérium pour enfants, le site accueille depuis 1996 une maison de retraite… De nombreux bâtiments au cœur d’un grand parc arboré sont encore vacants et en cours de réhabilitation. Nous invitons soignants et employés, anciens pensionnaires, regards experts sur les questions de l’accueil de soin et curieux à se retrouver autour de cette histoire.

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Rendez-vous devant la maison de retraite ! C’est encore le succès ! Nous retrouvons de nombreux visages familiers. Certains semblent déjà des fidèles aux marches mensuels, à notre plus grand plaisir ! Encore une fois le groupe est diversifié : institutrice de l’école de Job, présidence de l’amicale laïque, Anaig des poussins du coq noir, nouveaux arrivants, passionnés de leur bourg, auteur de romans historiques… mais aussi anciens travailleurs et pensionnaires des Mélèzes. Nous sommes ravis notamment de la présence de M. Coly, éducateur spécialisé, qui vient spécialement de Pont du château, commune en périphérie de Clermont-Ferrand, de M. Borie de Roanne, économe, qui a passé 30 ans aux Mélèzes, résident, tout comme Mr Coly dans le château. Nous retrouvons M. Guy Tournebize, technicien et cuisinier, déjà présent lors de la première marche, et Mr et Mme Dubois, anciens instituteurs des Mélèzes, qui ont déplacé un rendez-vous pour nous rejoindre ! Nous croisons aussi Mme Simone Mintaurier, ancienne femme de service, qui malheureusement nous observe de sa fenêtre ne pouvant plus se déplacer… Nous avons aussi la chance d’accueillir une ancienne pensionnaire, Michèle Gaussier, accompagnée de sa mère. Ce sera malheureusement la seule, après quelques  contretemps pour les 3 autres qui devaient nous rejoindre. Les retrouvailles, ce sera pour une autre fois !! Nous avons avec nous 2 élus fidèles, mais aussi Claire Butty du Parc Naturel régional et même une invitée spéciale de Lyon via le réseau Espace rural Projet Spatial, partenaire du projet. Ces participants plus extérieurs permettent de mettre en perspective le projet mené ici avec d’autres territoires. Et plein d’autres que nous ne connaissons pas encore !

Le soleil est au rendez-vous ! Nous sommes nombreux, une bonne cinquantaine.

Premier arrêt : devant le château. Nous présentons notre diapo-carton pour rappeler quelques dates clefs. Didier Coly précise le lien entre l’histoire du site et celle de la sécurité sociale. C’est bien l’union régionale des caisses maladie maternité (sécurité sociale) qui rachète le site en 1938 pour en faire une colonie sanitaire. En 1942, une école de plein air est installée sur le site. A partir des années 1945, une obligation étatique demande aux différentes branches de la sécurité sociale de se doter d’établissements d’accueil. La CRAM reprend donc le site en le développant sous forme d’aérium. C’est donc par cette institution que  3 pavillons supplémentaires seront construits en 1948.

Après ce bref résumé de l’évolution des Mélèzes, nous proposons de faire une photo collective. Nous sommes rejoints par les participants à une formation menée par la Communauté de communes dans le cadre de la refonte de son projet de territoire. Cette formation se déroule dans un des bâtiments rénovés des Mélèzes, à quelques pas. Les participants (techniciens, élus) sont invités à nous suivre dans la visite du site.

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Nous nous orientons ensuite au cœur du Parc vers les anciens pavillons des Mélèzes. La visite des bâtiments se fera en deux groupes pour faciliter les échanges : 1 groupe dans l’ancien pavillon B aujourd’hui vacant et un autre dans l’ancienne infirmerie en réhabilitation pour l’ouverture prochaine d’une salle des associations.

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La présentation de Michel Morel, élu en charge de la réhabilitation, intéresse particulièrement les élus. Les questions tournent autour de la réhabilitation, des frais engagés, les astuces, comme la revente du cuivre qui a financé l’électricité du sous-sol. La salle sera dédiée à la vie associative de la commune. Une consultation est en cours pour qu’un architecte vienne aider à finaliser la rénovation.

Nous nous orientons ensuite vers le pavillon B où nous avons installé des archives photographiques fournies par M. Reyrol et ouverte la valise confiée par M. Borie.

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Nous découvrons des photographies qui montrent une organisation très huilée : Groupes d’enfants très importants, équipements fonctionnels, équipes professionnelles… Le site, géré par la CRAM était une institution importante qui a eu ses heures de gloire…

Il est très étrange aujourd’hui d’imaginer le développement de ses institutions et leur inscription dans une politique sociale et médicale globale. Les échanges permettent de percevoir l’évolution de la perception de l’enfant, de la santé, de la pédagogie.

Le lieu est né à une époque où l’on a commencé à porter une grande préoccupation au bien-être de l’enfant, cela lié à l’émergence d’une sécurité sociale ambitieuse. Nous nous projetons au fil de l’enquête dans l’état d’esprit d’autrefois… La période après guerre notamment où le travail comme valeur centrale entraînait, avec l’industrialisation, un exode rural fort. Les séjours au vert étaient alors préconisés pour pallier aux problèmes de rachitisme, de manque de vitalité, aux problèmes pulmonaires… Dans cette périodes les enfants  étaient souvent élevés par les grands-parents ou facilement placés…. La maman de Michèle nous raconte le placement de sa fille qu’elle n’a pas vraiment bien vécu. Celui-ci a été enclenché par une assistante sociale qui a conseillé son placement à l’aérium de Job pour que Michèle prenne du poids. Alors que sa maman venait d’avoir un autre enfant, elle a donc été prélevée à sa famille toute jeune dans le but de la remplumer ! Malheureusement les 3 mois sur place n’ont eu aucun effet et la petite Michèle est repartie sans un gramme de plus ! Nous la retrouvons d’ailleurs quelques dizaines d’années plus tard tout aussi menue !

Les placements étaient à l’origine surtout pour des primo-infections, de l’asthme, mais  progressivement, ils ont aussi été faits dans le but d’accompagner des enfants avec des difficultés d’intégration et des difficultés scolaires. M. Borie nous parle d’enfants parfois difficiles…. Madeleine Rage nous explique que Mme Martineau (la femme d’un des directeurs) s’occupait des enfants dyslexiques,un handicap encore méconnue dans le village. Mme Rage s’est alors rendu compte que sa fille avait sans doute des problèmes de dyslexie et a demandé à Mme Martineau de l’accompagner. Le centre a certainement permis d’expérimenter des modalités pédagogiques spécifiques et un suivi médical personnalisé… Dans le centre l’équipe médicale était complète :  il y avait un médecin, un radiologue, un orthophoniste…

Cette histoire de l’aérium est aussi à mettre en parallèle avec l’évolution de la médecine. En effet, le déclin du centre repose aussi sur la meilleure prise en charge de certaines maladies et notamment celles reliées aux problèmes pulmonaires.

Un groupe s’intéresse aux questions de pédagogie. On parle d’école de plein air, des premiers éducateurs, des changements de société qui ont amené des évolutions successives sur le site. Des connexions se font entre les Poussins du coq noir qui ont monté sur le site un club nature depuis presque 10 ans sur le site sans rien connaître de son passé, Isabelle institutrice à l’école de Job et Didier Coly ancien éducateur très critique par rapport à l’organisation de l’établissement qu’il a tenté d’infléchir avec le Docteur Nourrisson…

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Il est déjà 17h nous proposons de poursuivre au Bobar. Au Bobar le groupe est moins nombreux, et permet de poursuivre en petit comité autour des outils préparés en amont, notamment une frise chronologique où sont insérés des extraits d’entretiens, qui invitent les participants à laisser quelques souvenirs. Les personnes partent petit à petit. Il est 18h30 19h, les habitués du Bobar arrivent dont Christine Marliaire très contente de discuter avec son ancien directeur Didier Coly.

Encore une fois la marche tire de nouveaux fils et créer des connexions entre certains participants. Nous ne maîtrisons pas l’ensemble… il y a toujours une dimension aléatoire qui nous amène à un autre endroit que ce que nous avions prévu. Nous nous projetons déjà dans la prochaine marche qui abordera l’évolution de la vie sociale et des espaces publics du bourg… encore un vaste sujet !

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