Le Parc Naturel Régional Livradois Forez, compris dans le réseau des Parcs Naturels Régionaux a été créé en 1986 avec l’objectif prioritaire de développement économique et social du Livradois-Forez. Plusieurs missions lui sont aujourd’hui attribuées, notamment celles de l’aménagement du territoire, de son développement, et de l’expérimentation.

En 2013, dans un contexte de dévitalisation des centres-bourgs sur le territoire le Parc National Régional Livradois Forez s’est doté d’une ingénierie territoriale en créant un atelier d’urbanisme rural composé d’un chargé de mission d’urbanisme, un chargé de paysage et un chargé de mission centre-bourg. Cet atelier se voit être « un outil à la disposition des collectivités du Parc pour les accompagner dans deux grands domaines de projet : l’élaboration des documents d’urbanisme et les opérations d’aménagements des communes ou communauté de communes. Celles-ci pouvant être des projets d’urbanisme (zone d’activités, centre-bourg ou extension de bourg, etc), des constructions ou des rénovations d’équipements publics (logements, salle des fêtes, centre de loisirs, maison de service, etc) ainsi que des aménagements d’espace public (de la place du village au site naturel ou touristique). ». Carton Plein a eu l’occasion d’animer pour eux une formation à destination des élus et techniciens du PArc intitulée « Viv(r)e l’implication des habitants dans le projet urbain ». Cette formation réalisée en partenariat avec le PMU (Pari des Mutations Urbaines) en 2016 avait permis de mieux cerner les enjeux des projets menés sur le territoire. Mais de retour sur place, il s’gait de mieux comprendre le rôle possible du Parc en lien avec le projet à Job, et les interventions possibles sur ce type de problématiques.
Juliane Court, responsable du pôle Urbanisme, Aménagement et Énergies, et Claire Butty, chargée de mission Aménagement-Centres-Bourgs, du Parc Livradois Forez nous ont accueillis dans leurs bureaux pour nous présenter les différents projets et missions portés par cette structure.

« On a une mission d’accompagnement des collectivités pour leurs projets d’aménagement […]. L’idée c’est que la collectivité essaie de nous associer très en amont des projets. On les aide, que ce soit pour un espace public, un document d’urbanisme, une extension de bourg, un aménagement bourg… à définir leurs besoins, à définir leurs programmes… On les aide à réfléchir à des projets qui sont à l’échelle des communes, pour parler de qualité environnementale, de qualité des espaces publics puis on les aide à recruter un maître d’œuvre à conduire leur opération. »
Le Parc Livradois Forez travaille en collaboration avec de multiples partenaires sur le territoire
« On travaille avec tout un tas de partenaires, avec les CAUE qui sont plus les partenaires historiques et classiques qui ont aussi ces missions la, mais à une échelle beaucoup plus grande, départementale. Il y a aussi l’ADUM qui est l’agence départementale de l’énergie et du climat qui est plus présente sur la partie Puy de Dôme lié à la mission centre bourg. Ça nous a permis de nous rapprocher de l’EPF qui l’établissement public foncier, qui permet la mise en œuvre des opérations. On a aussi travaillé beaucoup avec FILBois qui regroupe les professions du bois. Et plein d’autres acteurs encore… »
En 2011, lors d’un appel à projets de la Datar (Comité de Massif – Massif central) sur le thème de l’accueil des populations, le Parc Livradois Forez a souhaité répondre en travaillant, en parallèle sur les politiques d’accueil de nouvelles populations, sur la question de l’aménagement et l’attractivité des centres-bourgs, qui n’était pas à ce moment-là pas une réflexion à l’échelle nationale. Claire Butty nous explique que l’idée centrale était de mener une « politique multi-thématiques ». Pour elle « on ne peut pas avoir une réponse seulement sur le logement, une réponse seulement sur l’espace public, une uniquement sur le commerce. »

À travers les projets menés dans six communes (Courpière, Châteldon, Cunlhat, La Monnerie-le-Montel, Saint-Dier-d’Auvergne et Saint-Germain-l’Herm.) dans le cadre de cet appel à projets, différents outils ont pu être testés, notamment sur la question de la place des habitants dans les projets d’aménagement, les freins et les leviers.
Julian Court « De 2012 jusqu’en 2014, on a mené ces expérimentations que sur des phases d’études stratégiques et multi-thématiques. »
Claire Butty « …et multi-acteurs, avec des nouvelles manières aussi de faire de l’urbanisme. Ça a aussi pu permettre de tester de nouvelles approches pluridisciplinaires, en résidences, en associant les habitants. Ce cadre a permis d’ouvrir le champ des possibles. Il a notamment donner aux élus la légitimité d’intervenir sur la propriété privée. Cela a permis de remettre aussi toute cette question de l’attractivité, de l’image des centres-bourgs sur le devant de la scène. Donc on va dire qu’en 2013-2014, il y a eu une vraie prise de conscience sur ce territoire pour se dire qu’il y avait peut être urgence à agir, et qu’il y a des choses à faire, que ce n’est pas une fatalité, et qu’on peut peut-être travailler tous ensemble sur cette question-là. Et c’est donc à la suite de quoi […] les élus se sont saisis de cette question et se sont dit qu’ils avaient envie de poursuivre ce genre de réflexion. »
À l’heure actuelle le Parc Livradois Forez, dans le cadre du programme LEADER (financement européen) a orienté les aides financières sur les enjeux de la revitalisation des centres bourgs et l’investissement des commerces.
« C’était une priorité sur ce territoire d’avoir des aides pour l’ensemble des centres-bourgs du Parc pour mener des études stratégiques puis éventuellement des études de programmation sur des îlots qui auraient été identifiés dans ces phases d’études là pour approfondir et apporter une qualité architecturale du site. Et puis même aller jusqu’à des phases de travaux cofinancés, des opérations complexes en centre-bourg pour donner à voir comment on pourrait mieux travailler de manière collégiale et faire en sorte qu’il y ait des opérations qui se démultiplient. »
Les enjeux de réhabilitation des logements et bâtiments vacants dans les centres-bourgs semblent cependant encore problématique. Aujourd’hui malgré de nombreux outils présents dans les agglomérations urbaines, ils ne sont pas adaptés pour des territoires dits détendues qui sont majoritaires en Livradois Forez.
« Aujourd’hui dans nos territoires c’est qu’il manque des opérateurs qui sont en capacité technique et financière de faire ce type d’opération. Aujourd’hui ils ne viennent pas parce que la solvabilité in fine du produit elle est trop faible. Parce que les loyers doivent rester assez bas par rapport au public et que la rénovation qui permettrait d’avoir quelque chose d’assez qualitatif moderne… ça coûte quand même assez cher. On est quand même souvent dans des bâtiments patrimoniaux avec un mode constructif assez spécifique… On a des pierres , du pisé, du bois… ça nécessite de faire attention au choix de matériaux. Et puis on est souvent dans des périmètres classés, donc tout cela nécessite d’avoir une approche architecturale assez complexe, assez forte et qui n’est pas à la portée de tout le monde. […] En plus on n’a pas de dispositif fiscalement intéressant pour, on va dire, attirer des possibles opérateurs qu’on peut trouver aujourd’hui dans des centres urbains qui font ces opérations-là. On a des personnes dont c’est vraiment le métier d’acquérir des biens immobiliers anciens, de les retaper de les revendre ou les louer, mais le montage économique de leur opération se fait aussi par des aides territoriales, mais aussi de la défiscalisation les aides loi Pinel, etc. Sauf qu’aujourd’hui ces dispositifs-là ne sont pas possibles sur notre territoire parce que ça a été fait d’abord pour qu’il y ait de l’offre sur les zones tendues. C’était un choix législatif intéressant, mais on a pas de pendant en milieu rural. »
La présence des grands bâtiments vacants dans la commune Job (les Mélèzes, la farandole, l’hôtel restaurant) sont des typologies courantes dans la région d’Auvergne, et posent de véritables questions quant à l’avenir du centre-bourg au cœur des problématiques du Parc. Les opérations innovantes à inventer portent notamment sur ces typologies, d’où l’intérêt du Parc pour notre démarche.