Alain est originaire de Job. Il a »navigué » toute sa vie pour revenir s’installer à la retraite dans son village natal. Il y est très actif et organise notamment le festival Bouquine Job en juin sur lequel nous serons bientôt investis… Il a écrit un ouvrage, « Meunier tu dors » sur ses mémoires d’enfance dans le « Moulin de la cour » où il est né en 1946 et où il a grandi avec 5 frères et sœurs Après quelques années de pensionnat au Lycée d’Ambert. Il est parti pour travailler et étudier. Il nous accueille chaleureusement chez lui avec sa compagne Marie-Louise pour nous livrer ses souvenirs…
Alain nous exprime à quel point Les Mélèzes et la Farandole étaient des lieux à part, déconnectés de la vie du bourg, de grands mystères…
« Alors la Farandole c’était le couvent, c’était un grand bâtiment fermé dont on ne savait rien, où s’étaient englouties nos grands-mères, nos mères, et nos congénères…, tout disparaissait derrière ces barrières et ces portes. Le souvenir que j’ai, c’est d’être allé une fois au spectacle de fin d’année présenté par les enfants de cette école de bonnes sœurs…
[…]
Les Mélèzes pour nous, c’était des bandes de gamins qui passaient dans les chemins et qui grimpaient sur les arbres, qui cassaient des branches, qui arrachaient les pierres des murs, qui étaient comme des citadins ! Et ça, ce n’est pas moi qui m’en souviens, mais plutôt un type qui m’en a parlé ! C’était aussi des monitrices en short qui venaient de la ville et donc ça faisait parti des attractions ! À Paris il y avait les folies bergères, et là il y avait les monitrices de la colonie de vacances, enfin, qui devaient être bien sages ! (…) c’était vraiment des étrangers. Il n’y avait aucune passerelle, et personne ne souhaitait en établir avec ces gamins… L’un des directeurs de l’aérium, le docteur Martinau, avait des enfants, deux filles qui étaient des âges de mes frères et sœurs. Donc on fréquentait les enfants du directeur, mon frère Jean-Claude raconte ça… il avait un jour été invité à prendre le goûter au château, il s’était trouvé dans un fauteuil tout droit, avec des friandises, et » tu en veux encore un peu Jean Claude? »… Il raconte cela dans son livre ‘’Je voudrais rentrer à la maison’’. »
Il évoque son adolescence où une dynamique s’est créée avec 5 ou 6 amis autour d’histoires de foot, de bal et de volley-ball… L’occasion de parler des lieux de rassemblement dans le village et du rôle des bistrots comme lieu de sociabilité et notamment de celui de l’hôtel des voyageurs…
« Guillaumont, c’était l’un des 5 cafés du village. Pour une circonstance quelconque, un événement, les choses se passaient dans les cafés… Pour tous les gros événements, un gros mariage, une messe d’enterrement… On était alors pratiquement obligés par la convention sociale d’aller boire le café chez l’un, l’apéro chez un autre, éventuellement d’aller prendre un repas chez le 3e, et éventuellement de terminer chez le 4e ou le 5e ! ça c’était la grande tournée des 5 cafés restaurants ! selon les types de lieux et les possibilités d’accueil… ils jouaient ce rôle, entre autres… et beaucoup le café Guillaumont (la grande maison grise en face de l’hôtel des voyageurs, aujourd’hui en restauration) parce que la salle de café était grande, si bien qu’on fréquentait, si je me rapporte à ce groupe d’activistes, groupe d’animation culturelle et sportive encore non identifiée, c’était naturel d’aller boire un apéro. Alors le rapport à l’alcool n’était pas tout à fait le même qu’aujourd’hui ! On n’allait pas boire des canons, on pouvait aller boire des pitchs peut être du coca-cola, mais aussi du pastis… ça pouvait se passer chez Guillaumont… les patrons, donc le couple Jeanne et Joseph, lui était boucher et elle tenait le café restaurant. Elle jouait pleinement le rôle d’hôtesse et qui savait accueillir les gens et les jeunes, donc pour nous c’était une seconde maison… où est-ce qu’on se retrouve ? chez Guillaumont !! donc voilà on était pas la pour boire consommer, mais c’était un lieu de retrouvailles enfin c’était un rendez-vous comme on aurait pu se donner rendez-vous dans la maison des jeunes à un autre endroit… Et à peu près idem dans le café restaurant Besseyre (hôtel des voyageurs) à la différence que les deux enfants de 14, 15 ans jouaient dans l’équipe de foot… Donc de la même façon on s’y retrouvait pour prétexte d’apéro, mais pour faire le banquet en fin de saison, en début de saison, en milieu de saison ! C’était aussi lieu de retrouvailles ! Quand on voulait faire les réunions c’était là dans un de ces lieux. […]
C’était simple, c’est vrai que maintenant ça me paraît évident ! Si je fais un dessin, Guillaumont c’était une grande salle enfin qui existe toujours avec une vitrine, l’entrée quelque part ici, il y avait au fond le bar qui est peut être encore avec derrière toutes les bouteilles de toutes sortes et derrière des grandes tables….
Chez Besseyre c’était différent…. Donc il y a l’entrée principale, le bar qui était là euh peut être un petit renfoncement ici, et derrière la grande salle de, une grande salle de banquet, la cuisine devait être là à peu près et donc l’occupation des lieux était ici dans la fonction bar la il n’y avait que des petites tables. C’était beaucoup moins grand que chez Guillaumont si ça se trouve il n’y avait même pas de table du tout. Oui ça se passait autour du bar, là c’était plus… il y avait beaucoup plus de passage probablement toujours les dimanches matin et au moment… enfin des moments privilégiés et les gens se réunissaient autour du bar. Il y a un tout petit peu ce phénomène qui reste au bobar actuellement. Les moments ou il y a 4-5 personnes autour du bar, donc ici les rencontres rapides, et s’il fallait plus de temps c’était plutôt chez Guillaumont. Et ensuite derrière là c’était les banquets, banquets institutionnels, de l’équipe de foot, des pécheurs, des pompiers… Et il y avait au-dessus une grande salle, la salle d’apparat on va dire, qui était encore plus grande, un parquet donc, où l’on pouvait danser et accueillir beaucoup de monde, donc les mariages se passaient là-haut. […] et ici c’est devenu le musée des arts et traditions populaires…. quand j’ai visité le lieu avec la fille qui voulait faire ce lieu et habiller les mannequins c’était en 1994-95…. Oui […] en fait ça n’a pas fonctionné très très longtemps parce c’était lié à la double fonction accueil-restauration. Enfin c’était un site de visite d’autocaristes qui venaient proposer des voyages du troisième âge… On voulait faire une sortie depuis Saint-Étienne ou Clermont, à Job c’est très bien : il y a le musée et le restaurant donc voilà vous visitez le musée le matin et le restaurant à midi et puis petite balade et voilà ! schéma idéal ! Alors le musée était sympa ! Ce qui était assez rigolo c’était que la dame qui a fait ça n’avait a priori aucune compétence pour le faire, c’est à dire elle n’était pas du pays, elle n’était pas ethnologue, pas historienne, pas costumière… elle n’avait que ça, elle était portée par la foie et malheureusement son compagnon qui était chargé de la cuisine n’était peut-être pas très bon. […] Alors si on reprend (la généalogie), il y a eu Dixmérias, Besseyre peut être un temps vide avec quelqu’un ensuite ces gens-là et ensuite M. et Mme Sadier.. […] Madame Besseyre était avenante, elle était parfaitement dans sa fonction… »