La Marche comme modalité d’enquête

La marche est un véritable outil qui permet d’établir une étape de re-connaissance dans un projet. Elle permet de mettre à l’écart les préjugés et les croyances trop hâtives qu’on pourrait avoir sur un thème particulier ayant trait avec l’espace public ou la ville dans sa globalité. Elle permet l’ouverture et le questionnement. C’est en prenant au sérieux la question de l’in-situ que la marche permet de prendre en compte la notion de la spatialité de manière importante et permet d’ouvrir à d’autres questionnements.

« Dans mon cas, la marche est aussi une méthode d’étude. Je la pratique moins comme pratique spirituelle que comme outil de découverte, méthodologie d’enquête – lecture de traces »
Hendrik Sturm, artiste marcheur marseillais et chercheur complice, 2016.

En effet, le corps en mouvement devient le premier outil qui permet de faire émerger des interrogations à propos des lieux traversés, de leurs configurations, de leurs formes, de leurs matérialités, et surtout ici, de la représentation que les individus s’en font, des souvenirs qu’ils évoquent, d’une mémoire, collective ou individuelle qui s’est construite dans un espace donné.

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Dans notre travail, les marches urbaines sont considérées comme moyen de questionner et de comprendre l’identité des lieux. Marcher sera le support de langage, de paroles, un moyen de parler de la commune avec des habitants/usagers, de la manière dont ils ont ressenti la ville à leur arrivée, dont ils la ressentent aujourd’hui, de la manière dont ils la vivent. Cette démarche peut faire surgir des éléments intéressants sur la perception, les pratiques des espaces publics des personnes avec qui nous marcherons.
Ces temps sont également créateurs de liens, un temps de rencontre avec et entre les différentes populations rencontrées. L’idée est de construire ces marches par le vécu des individus, avec leur mémoire, en fonction des lieux qui font sens pour eux.
L’exploration urbaine est vue ici comme un outil méthodologie à la collecte d’informations, qui se veut évolutif. Ce n’est pas un outil qui fige la récolte, mais qui permet de faire surgir de nouveaux questionnements, en marchant, en questionnant l’espace de la ville dans lequel les individus vivent depuis leur arrivée. C’est un outil d’exploration et de découverte qui va nourrir nos réflexions, questionner et surprendre nos premières idées.

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« Jouissance du temps, des lieux, la marche est une dérobade, un pied de nez à la modernité. Elle est un chemin de traverse dans le rythme effréné de nos vies, une manière propice de prendre de la distance et d’affûter nos sens ».

Éloge de la marche, David Lebreton, Métaillié essais 2000.

La marche comme une véritable méthode de re-connaissance prend alors tout son sens. À partir de la carte, objet physique et matériel, on passe à la carte du réel, c’est-à-dire à la découverte de ce qui se cache derrière, sur l’espace physique réel, qui n’est pas écrit ni n’est matérialisé ou figuré au cadastre, qui n’est plus présent et qui peut parler du passé, forme de mémoire individuelle ou collective. L’espace est en perpétuel mouvement, se forme, se transforme jour après jour. On est à l’affût des indices, des traces témoignant d’usages et de pratiques permettant de relier l’avant et le présent, de prendre connaissance des mémoires passées.
La balade urbaine sera la méthode principale du processus de récolte, de rencontres avec tous les individus qui prendront part au projet, de connaissance, et de compréhension des mémoires du XXème siècle. Elle sera également, plus tard, l’outil essentiel pour rendre compte du travail de valorisation de ces mémoires. Celles-ci prendront notamment place lors des événements locaux importants comme Bouquine Job (fête du livre d’envergure pour le village), mais aussi sur d’autres temps fors à repérer et choisir avec les habitants et les acteurs locaux impliqués. La marche devient alors expérience commune, marque l’espace d’une expérience collective inédite propice à la circulation de nouvelles mémoires.

AssociationCartonPlein.OVNI

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